L'oiseau de Malheur Admin
Messages : 23 Date d'inscription : 05/02/2011
| Sujet: La biographie d'un génie de la sculpture Dim 6 Fév - 18:38 | |
| [1840~1860]UN TALENT PRÉCOCE ET LA RÉVÉLATION DE LA SCULPTURENaissance le 12 Novembre de François-Auguste-René Rodin à Paris (une génération d'avenir: il est contemporain de Cézanne, Monet, Zola, Clemenceau, Renoir et Mallarmé, tous nés aux alentours de 1840). Une scolarité très médiocre, mais un goût très précoce pour le dessin: « Tout jeune, aussi loin que je m'en souvienne, je dessinais. Un épicier, chez lequel ma mère se servait enveloppait ses pruneaux dans des sacs de papier faits avec des pages de livres illustrés et même des gravures. Je les copiais. Ce furent mes premiers modèles. » Son jeune, mais réel talent lui permet de convaincre son père de le laisser entrer à l'École impériale spéciale de dessin et de mathématique (dite Petite École pour la distinguer de la Grande École: celle des Beaux-Arts). Il y passera quatre ans (1854-1857) de travail d'initiation intense. C'est là que par hasard il découvre le modelage, la sculpture: « Pour la première fois, je vis de la terre glaise; il me sembla que je montais au ciel. » Sa première œuvre sculptée connue: un buste de son père, Jean Baptiste Rodin. Il tente le concours d'entrée aux Beaux-Arts et échoue à trois reprises. [1861~1863]CRISE MYSTIQUECrise mystique. Elevé dans une famille très pieuse, Rodin, après la mort brutale de sa sœur Maria devenue religieuse, décide d'entrer au couvent. Le père Aymard, fondateur de l'ordre des pères du Très-Saint-Sacrement, le convainc de sa vraie vocation: reprendre son travail d'artiste. Il réalisera son buste avant de quitter l'ordre. Il est contraint de travailler "chez les autres", dans des ateliers d'ornemanistes et décorateurs: « J'ai eu, jusqu'à cinquante ans, tous les ennuis de la pauvreté. » [1864~1870]DÉSASTRE, AMOUR ET DÉCEPTIONRencontre de Rose Beuret qui sera la compagne de sa vie et l'un des ses premiers modèles (buste de Mignon, l'héroïne de Goethe). En 1866, naîtra un fils, qui ne recevra de son père que son prénom, Auguste. Acquisition de son premier atelier (une écurie vétuste). Il entre dans l'atelier parisien à la mode d'Arnest-Ernest Carrier-Belleuse (1864). Le salon des artistes français de 1865 a refusé le masque de l'Homme au nez cassé: une énorme déception et un désastre (pas de commandes !) pour Rodin. [1870~1879]DÉBUT DE LA RECONNAISSANCEMobilisé pour la guerre franco-prussienne de 1870, Rodin est réformé pour myopie. Sans travail, il part à Bruxelles où Carrier-Belleuse a ouvert son atelier, avant de se brouiller avec lui. C'est à Bruxelles qu'il expose pour la première fois. Voyage en Italie où il découvre et admire Michel-Ange et Donatello et où Dante devient son auteur de prédilection. Il expose huit bustes à l'Exposition universelle de Philadelphie. L'Âge d'Airain est l'objet d'une polémique (Rodin est accusé d'avoir moulé sa pièce sur nature). Revenu à Paris en 1877, il devient agent surnuméraire à la Manufacture de Sèvres. Il crée Saint Jean-Baptiste prêchant et participe sans succès à de nombreux concours organisés pour des commandes publiques. Son talent commence à être reconnu par les artistes parisiens. [1880]UNE ŒUVRE QUI LE HANTEEn dépit des controverses, l'État acquiert l'Âge d'Airain et Saint Jean-Baptiste. Il confie à Rodin un projet public de grande ampleur: une porte monumentale pour un futur musée des Arts décoratifs (qui ne verra finalement pas le jour) et lui attribue un atelier au Dépôt des marbres (182, rue de l'Université) qu'il conservera jusqu'à sa mort. Cette Porte de l'Enfer (dont plusieurs personnages sont tirés de la Divine Comédie de Dante) ne cessera de hanter et de mobiliser Rodin qui ne pourra l'achever (elle sera coulée en bronze après sa mort). Parallèlement, il réalise un grand nombre de bustes qui contribuent à sa renommée. [1882~1883]UNE PASSION FUSIONNELLE ET DES BUSTESRodin s'attaque à des bustes d'hommes célèbres (Victor Hugo, Henri de Rochefort). Il rencontre Camille Claudel (âgée alors de 18 ans) qui entre dans son atelier, hante ses personnages sculptés féminins. C'est le début d'une liaison passionnée fusionnelle et finalement douloureuse (le talent de Camille Claudel ne sera notamment jamais reconnu et elle sera toujours dans l'ombre de son mentor, considéré éternellement comme "l'élève de Rodin"): « Je lui ai montré où elle trouverait de l'or: mais l'or qu'elle trouve est bien à elle. » [1884~1889]BOURGEOIS, BAISER ET EXPOSITIONSRodin travaille aux Bourgeois de Calais, une oeuvre elle aussi controversée qu'il finira par imposer à ses commanditaires (inauguration en 1885). En 1886, Paul Gallimard demande à Rodin d'illustrer Les Fleurs du Mal de Baudelaire. Deux ans plus tard, l'État commande le Baiser en marbre pour l'Exposition Universelle de l'année suivante. Justement un an après, se déroule une Exposition commune entre Monet et Rodin à la galerie George Petit à Paris. L'État commande à Rodin un monument à Claude Lorrain et à Victor Hugo (là encore une controverse et plusieurs projets suivront). A l'Exposition Universelle, Rodin admire les danseuses de l'île de Java dont il fait de nombreux dessins. [1890~1898]FIN D'UNE LIAISONLa longue liaison avec Camille Claudel se défait: celle qui ne parvient pas à effacer l'étiquette "élève de Rodin" et à voir reconnu son génie propre, finira par sombrer dans la folie (elle sera internée une trentaine d'années et mourra dans la détresse et la solitude d'une salle commune de l'asile de Mont-de-Vergues en 1943). Rodin accepte l'idée d'un monument à la gloire du travail pour l'Exposition Universelle de 1900 un projet et une Tour du Travail qui n'aboutiront pas. ♦ 1891: La société des Gens de Lettre lui commande un monument à Balzac: polémiques, retard, tollé lors de l'exposition de son œuvre au salon de 1898, retrait de la commande: « Le Balzac se fraiera par force ou par persuasion sa voie vers les esprits. » ♦ 1895: Acquisition de la Villa des Brillants à Meudon: Rodin y commence une collection d'œuvres d'art où dominent les antiques. [1900~1910]RECONNAISSANCE ET GRAND SUCCÈSEn marge de l'Exposition Universelle, Rodin fait construire un pavillon place de l'Alma pour y présenter l'ensemble de son œuvre (ce sera sa première exposition personnelle en France: 128 dessins, 71 photographies et 168 sculptures, dont un plâtre de La Porte de l'Enfer présenté au public pour la première fois). Le succès est immense (« tous les musées à peu près m'ont acheté ») surtout auprès des étrangers. Les demandes d'exposition affluent. La réalisation de bustes de riches collectionneurs se multiplie, ainsi que les voyages à l'étranger. La gloire enfin acquise, les projets jusqu'alors en suspens aboutissent (Inauguration du monument à Victor Hugo en 1909). mais la commande en 1905 d'un monument au peintre américain Whistler restera sans suite et inachevé à la mort du Maître. [1911 et 1914]L'HOMME QUI MARCHEDes admirateurs et amis de Rodin offrent à l'État L'Homme qui Marche pour le palais Farnèse (l'ambassade de France à Rome). Rodin travaille et dessine beaucoup.
Rodin qui a réalisé plusieurs livres (avec Paul Gsell, avec Henri Dujardin-Beaumetz) publie Les Cathédrales de France (un livre mûri toute sa vie par de nombreuses visites et dans lequel il livre son analyse du gothique français et s'insurge contre les destructions de la guerre et les entreprises de restauration de ces monuments qui en dénaturent la beauté et l'esprit). [1908~1916]MUSÉE RODIN ET FASCINATIONRodin qui a découvert l'hôtel Biron grâce à R.M. Rilke, s'y installe, l'acquiert et souhaite y ouvrir un musée Rodin: « je donne à l'État toute mon œuvre, plâtre, marbre, bronze, pierre, et mes dessins ainsi que la collection d'antiques que j'ai été heureux de réunir pour l'apprentissage et l'éducation des artistes et des travailleurs. » L'État finit par accepter la donation en 1916. Le Musée Rodin ouvrira au public en 1919. ♦ 1912: Depuis longtemps fasciné par la danse, notamment par celle d'Extrême-orient (il dessine des danseuses Cambodgiennes venues à Paris et Marseille en 1906, la danseuse Japonaise Hanako en 1907, avant d'en donner une cinquantaine de sculptures), il découvre avec bonheur Isadora Duncan, les Ballets russes et Nijinski qui pose pour lui. [1917]LIAISON ET MORT DE RODINAprès une dernière liaison avec l'intrigante marquise de Choiseul (qui songe à accaparer l'héritage), Rodin épouse Rose Beurte, sa compagne de toujours. Elle mourra peu après, et Rodin mourra à son tour le 17 Novembre. Tous les deux sont enterrés à Meudon, dans le parc de la Villa des Brillants. Sources: Auguste Rodin écrit par Bernard Vasseur, Collection Découvrons l'art XIX ème Siècle, Edition: Cercles d'Arts. | |
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