L'oiseau de Malheur Admin
Messages : 23 Date d'inscription : 05/02/2011
| Sujet: La Porte de l'Enfer Lun 14 Fév - 0:31 | |
| « Je tresserai l'enfer avec le vers du Dante » {-Aragon} En 1880, Rodin reçut de l'État la commande d'une porte pour un futur musée des Arts Décoratif -projet qui n'aboutira pas au final. C'est sans doute Rodin lui-même qui choisit le thème de « L'Enfer », en hommage à la Première Partie de l'œuvre la plus connue de Dante, La Divine Comédie (c'est une trilogie composée de L'Enfer, suivi du Purgatoire et enfin du Paradis) qu'il vénérait, Dante étant devenu son auteur emblématique après son voyage en Italie. On peut noter que s'inspirer de la première partie de la Divine Comédie était dans l'air du temps puisque de nombreux artistes s'en étaient nourris, entre autres Victor Hugo, Vigny, Nerval, Ingres, Carpeaux et Liszt. Elle se voulait au départ le pendant de la Porte du Paradis de Lorenzo Ghiberti, résidant au baptistère de Florence. Cependant, il abandonna l'idée de tableaux séparés représentant des scènes comme sur la Porte de Ghiberti et se tourna vers une conception nouvelle, qui allait donner à sa Porte de l'Enfer la forme la plus aboutie de son art. Après nombre d'esquisses, il se mit au modelage, cherchant à donner à "ses" corps un maximum d'expression.
Dès 1882, à cause de difficultés économiques l'État n'est pas pressé d'obtenir la porte et le sculpteur en profite pour multiplier les projets, délaissant son sculpture. Il finit par utiliser les divers pièces prévues de façon totalement autonome en les montrant pour elles-mêmes tels que Le Baiser ou Ugolin. La Porte semble ensuite prendre l'aspect qu'on lui connait aujourd'hui dans les années 1890 (elle sera ensuite fondu en bronze après la mort de l'artiste) mais apparaitra pour la première fois en public en 1900 dans une forme beaucoup plus dépouillée, la plupart des figurants ayant disparus, dans une approche beaucoup plus minimaliste de l'œuvre jusqu'alors vu par les éventuels visiteurs visitant son atelier. Il semble que son regard sur la Porte puisse avoir changé dans les vingt ans écoulés depuis la commande: il « dépouille » son oeuvre comme il l'a fait de ses autres sculptures, franchissant la limite du figuratif « pour pénétrer , le premier, dans le domaine de la pure abstraction: n'ayant plus de sujet La Porte n'est désormais qu'un espace immatériel, modulé par la lumière. » {-Antoinette Le Normand-Romain}.
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EN COURS. | |
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